Antichrist

L'histoire ; Traumatisés par la mort de leur enfant, un couple se retire à Eden pour vivre leurs peurs ...

Ma critique :

Voici donc ma critique remasterisée après second visionnage du brûlot de Lars Von Trier : Antichrist.

Évidemment, à la télé, ce n'est pas la même chose qu'au cinéma. Mais, même si le malaise est un peu moins présent par rapport à la salle obscure, il est tout de même bien là. On est embarqué dans l'aura malsaine du film.

Cela comence avec une scène au ralenti. En noir et blanc, on voit le couple (Interprété par Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe) faire l'amour. Leur enfant, dans sa chambre, voit sa fenêtre ouverte, il sort de son parc à bébé, s'avance vers la fenêtre, et alors que la mère est en proie à l'orgasme, l'enfant tombe dans le vide ... c'est le début d'un drame affreux.

Antichrist est avant tout un film sur le deuil. En particulier le deuil de la mère, vraiment dévastée par cette disparition. Son mari thérapeute pense savoir ce qui la dévaste et va lui faire affronter ses peurs ... dans un châlet au milieu de la forêt où ils avaient l'habitude de se rendre.

Divisé en 6 chapitres (Prologue, Deuil, Douleur, Désespoir, Les Trois Mendiants, Epilogue), cette descente aux enfers prend vraiment aux tripes. Durant tout le film, on est scotché du début à la fin. Le début est surtout psychologique. On sent le désespoir et la tristesse des deux personnages et on la vit. Car toutes les angoisses que Von Trier montre dans ce film, on les a déjà vécues. C'est vraiment impressionnant de rencontrer un film qui ravive ces angoisses.

La seconde partie, en revanche, accentuera la violence physique, notamment sexuelle (Oui ... c'est pas pour rien qu'il est interdit aux moins de 16 ans). L'état psychologique de la mère se détériore et laisse place à une barbarie incroyable. La dimensuion du film à ce stade devient plus symbolique également, et fait réfléchir le spectateur sur pourquoi tant de violence au premier abord gratuite. Tandis que l'homme tente de la sauver, la mère devient brutale, animale ... elle se plonge dans des théories obscures et devient en quelque sorte une sorcière.

A ce jeu-là, il faut admettre que Charlotte Gainsbourg est vraiment hallucinnante. Elle vit son rôle avec une énergie rare. Rien que ce film est une preuve de son immense talent d'actrice. Willem Dafoe, qui interpréte l'homme, est également impressionnant. Il nous entraîne dans sa chute, chute qu'il a lui-même provoqué ...

La réalisation de Von Trier est également impressionnante. Le génie danois mélange les scènes oniriques (Notamment les scènes de vision) avec du Dogme-like (Caméra portée à l'épaule, peu d'artifices ...). La réalisation haletante et effrénnée de la caméra portée contraste avec les ralentis des scènes de rêve ou du prologue et de l'épilogue. La photographie également (Signée par le photographe attitré de Danny Boyle, oscarisé pour Slumdog Millionnaire) est également remarquable.

Antichrist est un véritable choc.  C'est une expérience particulière, très rare dans le Septième Art. C'est un des rares films dans lesquels on est vraiment affecté. Ce n'est pas agréable. Ce n'est pas un film qu'on va voir pour le plaisir. C'est un film qui nous renvoie un miroir. Le miroir de nos angoisses.

Une claque monumentale et sans doute un des meilleurs films de ces 5 dernières années

Fiche technique et note :

Antichrist : 19.9/20
De Lars Von Trier
Avec : Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe
2009
Interdit aux moins de 16 ans.