Un Homme qui dort

Un étudiant sur le point de passer sa licence décide de ne plus rien faire et de se cloîtrer en lui-même. Il reste seul, coupe les ponts avec tout ...

Un homme qui dort est le seul film de l'écrivain Georges Perec, réalisé en collaboration avec Bernard Queyssane, et adapté de son roman du même nom. Il n'a aucun dialogue, ne se basant que sur une voix-off (Ludmila Mikaël) déclamant le texte de Perec et les pérégrinations de cet étudiant, incarné par Jacques Spiesser. Maintenant attention, même si à la vue de cette forme, vous vous direz "Encore un film d'auteur chiant, qui se la joue élitiste ..." seulement, ce film est sans doute un des films les plus violents qui soient.

Qu'on se comprenne : il n'est pas violent graphiquement, et sans doute pas violent dans le sens où on l'entend quand on parle d'un film violent. Non, il s'agit d'un film violent car il parle de la totale déshumanisation de l'être. Sur le fait de se couper de tout, de se dire : "De toute manière, rien ne vaut la peine de rien, je ne veux plus dépendre de personne, tout me dégoûte". Jamais un film n'a été aussi désespéré, entre soif de liberté qui ne peut jamais s'assouvir, dégoût profond de la société et rejet de l'être.

Au delà du dégoût de la société (qu'on a tous déjà ressenti), c'est surtout cette volonté de solitude que Perec décrit. Il décrit avec une poésie et une violence comment une aspiration au calme et à l'indépendance tend bien après vers une misanthropie voire une paranoïa grandissante. Au départ, l'étudiant veut juste pouvoir être libre (et il se sent libre) mais il tend progressivement vers la folie ...

C'est donc un film désespéré, mais d'une beauté et d'une classe hallucinante. Un tourbillon de violence et de nihilisme, mais au final magnifique, comme ne peut l'être qu'un film réaliste. On pourra toujours reprocher son style très "nouvelle vague" (le film date de 1974) mais ce film représente la Nouvelle Vague dans ce qu'elle a de meilleur (Tout comme l'est La Jetée de Chris Marker), c'est-à-dire celle qui expose la vérité par le cinéma, qui tend vers l'oeuvre d'art. A ceci près que ce film ne cherche pas en plus à révolutionner le cinéma (C'est peine perdue, tout est libre en art, bord*l!) ...

Bref, un essentiel. Rien de plus.

Un homme qui dort : 19.75/20

De Bernard Queysanne et Georges Perec

Avec : Jacques Spiesser, Ludmila Mikaël ...

1974

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Georges Perec - Un homme qui dort
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