Primus - Pork Soda

Pochette noire, porc qui bulle, la pochette du troisième opus Primusien annonce la couleur. Sorti en 1993, Pork Soda est l'album le plus étrange, noir, presque glauque, du trio de San Francisco. Et il est aussi celui le plus difficile à écouter. 

Ca démarre avec une ritournelle bizarre à la guitare avant d'être coupée brutalement par la basse éléphantesque de Claypool ...

Son nom est boue. Morceau crasseux par excellence, qui annonce bien la couleur et conte l'histoire d'Alowishus Devandander Aberchrombie alias "Mud", ouvrier qui tua un ami à lui a coups de batte de base-ball ... clip assez glauque, basse martelée, guitare détraquée (ce solo de malade mental, au sens propre du terme ...) et batterie claquante comme le son des coups de batte d'Alowishus ... grand morceau que ce My Name is Mud, culte comme pas deux ...

Puis vient Welcome to this world, que vous pourrez reconnaître comme apparaissant sur l'épisode La petite fée des Dents de South Park. Un morceau explosif, efficace et lien classieux vers le tragique et foutraque Bob. Un morceau noir comme l'as de pique (Calme toi Lemmy) qui parle ni plus ni moins du suicide d'un ami devant la porte de son appartement ... .

Donc oui, après ces quatres morceaux (Enfin, 3 et demi), on sent que cet album hume le soufre jusqu'aux derniers recoins ... puis vient DMV, à la ligne de basse tappée et à la guitare en intraveineuse, bluffant de classe noire. Puis vient l'étonnant Ol' Dimondback Sturgeon, suite et fin de la trilogie poisonnière du groupe (John The Fisherman sur Frizzle Fry et Fish On sur Sailing the Seas of Cheese), qui sort un peu dans ce cortège Dantesque que constitue cette première moitié d'album. Avec une basse qui sonne comme une cithare indienne, Les évoque un esturgeon au dos de diamant, histoire de rappeller quelque peu sa passion pour la pêche ...3

Nature Boy dynamite le redoux de l'esturgeon avec une aura électrique et éclectique (cf Antipop pour comprendre la blague) et une technicité sans pareille. Comme une boîte de pétards, le morceau explose à la gueule de celui qui s'y aventure sans qu'il s'en rendre compte. Une dynamite.

On ne peut pas passer cette moitié sans se faire mal au genou. Wounded Knee sert un peu d'interlude. Car il est posté pile au milieu de l'album. Exotique et instrumental, à bases de calebasses, il permet de faire le lien tranquillement vers un morceau bien plus violent. Et c'est ainsi que la contrebasse électrique entre.

Spoken word, contrebasse saturée psychédélique, riff guitarresque entêtants, le morceau éponyme est jouissif par sa violence décalée et son étrangeté hallucinante. Le soda est aigre mais a un goût inimitable. Rock on! Puis vient après The Pressman, un rescapé du live Suck on this qui reparaît pour notre plus grand bonheur, décoiffant! Puis là, c'est le drame ... ou pas.

Sommet de l'album, somme de bizarrerie, Mr Krinkle et sa contrebasse définitive représente parfaitement l'ambiance qui règne dans l'album et arrive, dans un album aussi dense, à tirer son épingle du jeu. Et ce clip! Ce clip, quoi! Un plan-séquence dans lequel se loges les pires délires surréalistes! Franchement un des sommets de l'album (Avec la boue, le soda et Bob) et un des sommets primusiens en général.

Puis un petit WTF avec The Air is Getting slippery, aux airs de marche grotesque ou de polka névrosée ... drôlerie qui nous habitues aux morceaux décalées dans les albums de Primus. Puis vient le monumental Hamburger Train, de plus de 8 minutes, qui déroule les rails de basse et de larsen guitarreux avec autant d'aisance et d'imagination que de classe. Après, 'faut se le faire car il est assez difficile à écouter mais on s'imagine bien le voyage que l'on fait ...

Puis on retrouve la mélodie qu'on entendait au début avec le discret Pork Chop's Little Ditty, et puis, enfin, pour achever ce disque monumental, Hail Santa s'efface dans une ambiance de schizophrénie générale. On sent qu'on a connu un truc violent, ardu et difficile.

Et si Pork Soda était un album concept sur la folie?

Comments

[murals]

Je connais quasiment cet album note sur note.
Le titre "Pork soda" est probablement le truc le plus foutraquement déjanté que je n'ai jamais entendu...
Le clip "Mister Krinkle" est absolument génial et demande a être regardé plusieurs fois.